L'œuvre : l'incompréhension

Inspiré plus ou moins par son ami Paul Cézanne avec lequel il se brouillera après la parution du livre en 1886, Zola continuait la saga des Rougon-Macquart avec ce quatorzième tome, L'oeuvre, plutôt consacrée aux artistes et en particulier à un peintre, Claude Lantier. Il est le fils de Gervaise Macquart et d'Auguste Lantier, les personnages centraux de L'Assommoir et le frère d'Etienne, le révolté socialiste de Germinal. Peintre maudit, il connaîtra une existence maussade, émaillée de refus divers, tant au point de vue artistique que familial. Il est dit dans "L'Assommoir" qu'un vieux monsieur emmena Claude à Plassans à l'âge de huit ans, car il avait été séduit par la beauté de ses dessins. Il apparaîtra aussi dans Le Ventre de Paris où il se liera d'amitié avec Sandoz, un romancier. Lantier fait partie de cette nouvelle génération d'artistes qui essayent tant bien que mal d'apporter une vision moderne et changeante aux classiques de l'époque. Mais il ne sera pas compris et ses oeuvres resteront marginales et ignorées. Même les amis de Lantier ne comprendront pas sa démarche artistique. Une personne comptera dans sa vie : Christine, qu'il rencontrera devant chez lui, s'abritant de la pluie, un soir. Elle seule peut-être croira en lui. Elle découvrira sa collection de toiles rejetées de tous et elle acceptera, après de multiples rencontres et discussions en bordure de Seine, de poser pour lui.

L'œuvre : la fresque

Le tableau qu'il exécutera pendant cette séance de pose sera rejeté comme les autres et les bras de Christine seront un refuge pour Claude. Le couple part s'installer à la campagne, loin des turpitudes de la ville, à la recherche d'une vie simple et calme. Ils auront un enfant, Jacques-Louis, qui malheureusement naîtra hydrocéphale. Claude a complètement abandonné ses désirs artistiques pour se consacrer à sa famille. Claude et Christine décide de revenir dans la capitale, d'autant plus que le désir de peindre à nouveau s'éveille chez Claude. Mais le sentiment d'échec revient aussi et Claude est à nouveau en proie à ses doutes. Ses toiles sont refusées à nouveau les unes après les autres. Il décide de s'attaquer à l'œuvre ultime, l'œuvre de sa vie, une immense toile aux dimensions de fresque qu'il peindra dans un hangar loué pour l'occasion. Jacques-Louis décédera à douze ans et sa disparition achèvera de rompre le peu de liens qui restaient encore dans le couple. Claude s'éloigne de plus en plus de Christine pour se consacrer à son œuvre qui d'ailleurs n'avance pas. Au bout de tout, même du désespoir, Claude se suicidera à côté de sa toile inachevée. Le livre se termine sur ses obsèques.

Encore un livre fort et baignant dans la bohème de la vie artistique et décalée par rapport au reste du monde. Les couleurs jetées par ce roman resteront fort longtemps gravées dans les mémoires.

Après L'œuvre, découvrez la suite de la saga avec La Terre