Chaque branche aura ses spécificités comme chez les Rougon pour lesquels on note un appétit féroce pour l'argent et le pouvoir assez exacerbé. Les Mouret (branche de la famille née du mariage d'Ursule avec un chapelier du même nom, où la tare de Tante Dide fera des ravages) et enfin les Macquart, sans doute les plus pauvres, ont
hérité des tourments de la violence et de l'alcoolisme de l'aïeul du même nom.
La trame prend place peu après le coup d'état du 2/12/1851 où, suite aux événements survenant dans la famille, Rougon s'octroiera le pouvoir politique à Plassans. Nous suivrons aussi l'histoire de Silvère Mouret (fils d'Ursule) et de sa fiancée Miette, fille d'un voleur condamné aux galères.
Ils finiront par participer aux émeutes. Miette sera tuée pendant l'une d'entre elles et Ursule sera fusillé par les gendarmes. La grand-mère Adélaïde Fouque sombrera dans la folie après avoir assistée à cette scène.
Elle sera internée à l'asile.
Elle finira sa vie trente ans plus tard, âgée de 105 ans, au cours du dernier roman de la série, Le Docteur Pascal.
Mais nous n'en sommes pas encore là...
Après La Fortune des Rougon, découvrez la suite de la saga avec "La Curée"
D’après un expert d’Honoré de Balzac, Martin Kanes, Zola se serait inspiré du roman « Pierrette », où les protagonistes portent un nom à la résonance toute particulière : Rogron-Auffray.
De la même manière qu’un cinéaste, Emile Zola prépare ses romans avec une minutie incroyable. On peut parler véritablement de dossiers tant les renseignements qu’ils contiennent demeurent divers et variés. Ainsi, Zola n’hésite pas à se déplacer à Aix-en-Provence pour dessiner des cartes qui symboliseront la ville de Plassans, théâtre d’une grande partie de ses romans.
Il procède ensuite au découpage par chapitre. Pour « La Fortune des Rougon », il prévoit tout d’abord 11 chapitres pour n’en finalement conserver que 7. Pour chacun d’entre eux, il définit la date à laquelle se passe les événements décrits, les points essentiels et les détails qui doivent obligatoirement y figurer pour que l’histoire puisse se suivre. Pour l’ensemble des chapitres, il précise l’endroit où ils se déroulent, ainsi que le personnage central autour duquel l’histoire va s’articuler.
En parallèle, il décrit les faits historiques qui se passent à Paris et qui viendront ancrer le roman dans la réalité de faits indiscutables.
Ecriture de « La Fortune des Rougon »
Un biographe spécialiste de Zola, Paul Alexis, avance qu’en mai 1869, Emile Zola aurait débuté l’écriture de « La Fortune des Rougon ». Cela sera confirmé lors d’une entrevue avec l’écrivain le 15 septembre de la même année. Pour une autre spécialiste des Rougon-Macquart, Colette Becker, Zola faisait figurer sur chacun de ses manuscrits la date de début d’écriture. Pour « La Fortune des Rougon », la date mentionnée aurait été le 4 juin 1869, ce qui n’est pas si éloigné de celle donnée par son confrère.
La fin de l’écriture du roman se situerait en fin d’année 1869. Toutefois, une correspondance d’Emile Zola avec Edmond de Goncourt en date du 15 juillet 1870 précise que l’écrivain effectue les dernières corrections de son manuscrit.
Etapes de publication du roman
La date du 15 juillet 1870 reste possible puisque le roman commença à paraitre en feuilleton dans le quotidien « Le Siècle » le 28 juin 1870. Cependant, le 19 juillet 1870, les parutions d’épisodes de « La Fortune des Rougon » cessent avec l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne. La reprise de la publication dans le journal reprend le 18 mars 1841 pour s’achever le 21 du même mois.
Cette publication quotidienne portera le titre de « La famille Rougon ». Le nom définitif du roman sera arrêté pour la première publication en librairie le 14 octobre 1871. Le texte subira encore des modifications. La version que nous connaissons aujourd’hui date de 1873.
Accueil du public
Contre toute attente et malgré les efforts déployés par Emile Zola pour faire connaitre son ouvrage, la publication de « La Fortune des Rougon » passe inaperçue. Les ventes ne sont pas au rendez-vous. Pour certains critiques, l’histoire se déroulant sur quelques jours ou l’idylle entre Silvère et Miette, jugée inutile, ne servent pas le roman. Pour d’autres, le malaise créé par cette vision de la France de l’époque, déchirée entre républicains, monarchistes et bonapartistes, demeure la raison principale de cet échec commercial.
En revanche, Emile Zola bénéficie du soutien de ses pairs. Victor Hugo et Gustave Flaubert lui adresse leurs encouragements.
Suite à la publication de « l’Assommoir » en 1876, les ventes de « La Fortune des Rougon » reprennent. Beaucoup découvre alors le roman initiateur de la saga des Rougon-Macquart.
Précisons aussi que, depuis, plusieurs millions d’exemplaires (environ 40) ont été vendus en format poche. Toutefois, « La Fortune des Rougon » ne figure pas dans le TOP 10 des romans de la saga les plus vendus.